dimanche 4 avril 2010

fermeture définitive

L'évasion est rentrée. Les photos sont classées.
Place à l'égo.

samedi 24 janvier 2009

Salta. L'attente.

Je prends la route des Andes pour près d'un mois. Première étape, Salta. Cette ville est située à 1300 km au Nord-ouest de Buenos Aires, sur un des plateaux préandins. Cette région était prospère aux siècles derniers, car au temps de la domination espagnole sur le pays (et presque toute l'Amérique du Sud en fait), tout le commerce à destination du Vieux Continent transitait par Lima et Salta était une étape sur ce chemin. On y retrouve donc des exemples remarquables d'architecture coloniale et une vraie culture du commerce. 1h30 de vol depuis la capitale et le changement est radical. Les visages, les attitudes, l'accent, j'ai l'impression d'arriver dans un autre pays. Je découvre la ville sous un ciel gris et tout me parait éteint, rien ne resplendit. Je prends un peu de hauteur pour mieux considérer l'ampleur de la ville qui est une des plus grandes du pays. Mais rien ne se passe, je trouve ça chiant ?? Salta la linda cacherait-elle ses charmes ? Je retourne à mon hostal pour planifier mes visites des jours suivants et lorsque je regagne le cœur de la ville pour manger un morceau, c'est la révolution, toute la ville est dans la rue, les commerces et les cafés sont bondés. Je suis étranger, et ça fait du bien.

Le lendemain, direction Cafayate. Dans le bus qui m'y emmène, je fais la rencontre improbable de Jonas, un animateur radio de Zurich, venu cherché ici un peu de calme, loin de la tumultueuse vie nocturne de la cité helvète. Il sera mon compagnon de route pour la découverte des canyons qui se dressent le long de la route qui nous mène de Salta à Cafayate. Je guettais les cieux pour voir s'écrouler devant moi la Mustang de Thelma et Louise. Nous arriverons à Cafayate pour midi. Quatre rues, une place, une église. Un trou. Nous nous installerons à la terrasse d’un restaurant de cette place, qui quelque part, manque un peu d’authenticité. Il fait une chaleur suffocante et nous ne trouverons rien de mieux que de nous désaltérer au vin rouge. L’ivresse me suivra jusqu’à tard dans la journée. Jonas a choisi de rester à Cafayate pour la nuit et moi je retourne à Salta. Nous nous y retrouverons le surlendemain. Etrange soirée solitaire à Salta en attendant des nouvelles de Paris. Mon humeur et mes doutes ne rencontreront que le vide. Cette ville restera à jamais le carrefour de nuits d’angoisse, de craintes abdominales, de regards nerveux et humides. Un purgatoire.

Réveil Matinal. Yeux fermés et cœur serré, je me laisse porter par les sons de The Sweet Vandals. J’arrive à la gare routière et je cherche le bus pour Cachi. Il est à peine 7h00 et c’est à cet instant là que je prends conscience que je ne suis pas chez moi, que je ne suis pas en Europe. Le ballet des bus se fait dans un vacarme de fumées et de klaxons. Les quais sont infranchissables tant malles et paquets s’y perdent, en attendant de trouver leurs places dans les soutes des autobus. Je grimpe dans le bus « Manuel Lopez » qui arrivera à Cachi dans 4 heures. Au sortir de la ville, les champs de tabac s’étirent jusqu’au pied des Andes. La région est un des plus grands producteurs d’Amérique du Sud. Tout appartient à Philip Morris qui possède plusieurs usines dans la province. Entre les plants de tabac, on retrouve également des serres gigantesques, un peu comme en Andalousie. Oui, on se croirait bien dans le sud de l’Espagne, la terre y est riche, les maisons basses et blanches, on pourrait croire que la mer est toute proche. D’un coup, d’un seul, le bus pénètre dans une forêt tropicale, luxuriante, verte et grasse. Nous franchirons les rivières boueuses par des ponts métalliques d’un autre âge. L’atmosphère ici est asiatique et les paysages changent encore. La jungle laissera place aux premiers cols andins. A plus de 3 000 mètres d’altitude, l’air se fait plus rare et le vent me rend fou. Lorsque le bus retrouve la plaine au-delà des cols, la route se pointe comme une aiguille vers l’ouest. Je suis entouré d’un désert de cactus « plus grande réserve au monde », à en croire Alex, une Anglaise assise à côté de moi qui doit se demander pourquoi je porte aussi bien la tristesse alors que nous découvrons un site merveilleux. Cachi montrera toutes ses promesses. Loin et haut, ce village de montagne est dominé par le Nevado de Cachi (6 320 mètres). L’architecture coloniale, les rues pavées et étroites. Les grands-mères sont assises devant chez elle et attendent le retour de leurs chats partis s’absorber de soleil sur la place principale. Un décor plein d’intentions, peut être un peu trop parfait. Retour à Salta en fin de journée, j’ai rendez-vous avec Jonas. Alex nous rejoindra plus tard sur la place de la cité,pour y boire les meilleurs vins blancs de la province. Nous trinquerons ensemble jusque tard dans la nuit. Mes questions ne trouveront toujours pas d’écho. Enjoy the silence. Premier samedi de décembre. L’air est sec, mes boucles sont moches. Après un petit déjeuner laconique et sans goût, je traverse la ville une dernière fois avant de regagner la gare routière pour prendre la route vers le Sud, vers Mendoza. 18 heures de bus. Connexion inespérée avec Paris. L’éloge de la passion se conjuguera avec l’abandon. Broken down and hungry for (your) love, with no way to feed it. Travail hyper productif des glandes lacrymales, respiration en trois coups. Je suis installé à l’étage du bus, tout devant, ce qui me laisse une vision dominante sur les 1500 km à parcourir. Le jour s’effacera rapidement et plus nous filerons vers le Sud, plus les routes seront mauvaises. A mi-chemin, je remarque le long de la route, des milliers de pèlerins qui se dirigent vers Catamarca pour la fête de la « Virgen de la Valle ». En pleine nuit, à pied ou à vélo, cet élan de ferveur reste touchant. Mon insomnie sera sauvée par les eargasms que me procurera le shuffle de mon iPod.

Arrivée à Mendoza en début de matinée, il fait près de 30°. Je me dirige vers l’hôtel que j’ai réservé la veille. Il me semble assez éloigné du centre, le quartier n’est pas très engageant. L’accueil à l’hôtel encore moins. Je file vers le centre où je ne trouverais que des rideaux baissés, il est encore tôt et nous sommes dimanche. Je tourne en rond, je me sens ivre et seul. Je ne peux pas rester comme ça. Je ne veux pas rester ici. Je partirai dès demain matin pour Santiago par le premier bus. Soupirs.

Santa Claus is coming to town

Décembre. Il neige à Strasbourg, des vols sont annulés à Roissy. La voix de Sinatra hurle dans les hauts parleurs des centres commerciaux climatisés et les portenos font leur shopping de Noël en tongues. Il fait 43° ici. Décalage. Je découvre alors les joies des "Cortes de Luz" ou coupures de courant. Le réseau électrique est tellement vétuste que lors de températures estivales élevées (record de chaleur de 1923 battu en 2008), les autorités décident de couper l'électricité pendant quelques heures, dans un quartier puis dans un autre. Plusieurs raisons à cela. Bien entendu en ces fortes chaleurs, les habitants font tourner à plein régime leurs climatiseurs et les réfrigérateurs (achetés à crédit), ce qui dope la demande en énergie. Mais le problème est plus sournois. Après la crise de 2001, de nombreuses populations des provinces rurales ont rejoint la capitale dans l'espoir de pouvoir y trouver un peu plus de richesse. La croissance démographique de la métropole est estimée à 12% entre 2002 et 2007. Plus de monde, plus de besoins, mais avec un réseau qui date des années 60 et des plans d'investissements publics qui disparaissent dans la Pampa (vous avez dit corruption?) les habitants se retrouvent un peu trop souvent dans le noir les soirs d'été. Les coupures sont annoncées par les pompiers de la ville qui patrouillent dans les quartiers et, au moyen d'un hygiaphone, annonce le noir imminent. Cette méthode, que j'ai envie de qualifier de circacienne, provoque la colère des habitants qui ont même créés des groupes sur FB. Expérience. Un dimanche de lendemain de très grosse fête, iPod vissé sur la tête, je remonte ma rue vers les avenues principales. Il n'est pas loin de 22h et la température taquine encore le 40°. Si mon pas est incertain, l'éclairage urbain l'est aussi. D'un block à un autre, on passe de l'effervescence à la mort. Des immeubles entiers pris dans l'ombre, des habitants sur les trottoirs qui jasent entre voisins, pour tuer le temps. En face, un block sans électricité avec comme seule lueur, l'unique ampoule que l'épicier a branché sur un groupe électrogène. J'ai l'impression de vivre un cessez le feu, un sursis. Voilà, c’est pour ce genre d’instant que je ne regrette rien.

Words are meaningless. Unforgettable

Je me remets dans l'ambiance, tant bien que mal. Les récits arriveront dans l'ordre de mon trip, avec probablement beaucoup moins d'instantanés et, d'intensité. Certains d'entre vous connaissent déjà la fin du film, mais moi-même je n'ai pas encore compris l'épilogue. Alors j'écris, vous lirez.

mardi 30 décembre 2008

NDLR

Suite à un incident indépendant de notre volonté, la mise en ligne des derniers articles a été retardée. Croyez bien que nous mettons tout en œuvre pour rétablir nos services au plus vite.
Veuillez nous excuser pour la gêne occasionnée.
La rédaction

dimanche 23 novembre 2008

Obras de integración. Disculpen las molestas.

Quand l'épicier en bas de chez vous vous reconnait et ne vous demande même plus ce que vous êtes venu chercher, ça pourrait signifier un début d'intégration. J'ai quitté ma chambre de la Recoleta il y a près de 15 jours maintenant. La recherche d'appartement fut finalement très facile, car il y a beaucoup d'offres pour les oiseaux de passage (merci cher Craig). Quelques clics et quelques appels auront suffit à trouver à me loger convenablement.Je suis désormais installé dans une maison cossue de Palermo Viejo, espace de vie que je partage avec Francisco (22 ans, Argentin), Max (24 ans, Allemand) et Jenny (22 ans, Australienne). J'y occupe une petite chambre sous les toits. Concernant la déco de cette nouvelle garçonnière, disons qu'on est loin du catalogue Habitat ou des vitrines Roche Bobois. Un simple matelas à même le sol, un bureau qui doit dater de l'ère Peron et une hypothétique armoire murale. Les murs défraichies et la moquette bleue azur ont du voir et subir, beaucoup trop. La description donnerait presque un aspect romantique à l'ensemble, se rapprochant d'une chambre de bonne occupée par un poète maudit se saoulant à l'absinthe, trouvant chaleur, réconfort et inspiration auprès de son unique lampe à pétrole. Au-delà de mon antre, je peux jouir d'une très grande terrasse, lieu idéal pour parfaire mon bronzage hivernal. Je me laisse aller, avec lenteur et délectation, aux plaisirs de l'oisiveté. Ne rien faire, ne rien prévoir. Point de réveil, de métro à prendre ou de "dej". Nada, le néant, RIEN. Je me lève généralement autour de midi, enfile un short, descends dans la cuisine et me prépare un festin matinal. Je saisis une large assiette sur laquelle je dépose des mini-sandwichs faits d'un pain brioché (héritage de l'immigration allemande), de beurre, de jambon et de fromage. Le tout est bien entendu accompagné de ma pinte de thé noir. Il se peut que je mange une pomme et un yaourt aussi, ça dépend. Une fois mon plateau prêt, je grimpe les escaliers à la recherche de la meilleure place au soleil que m'offrira mon demi are de terrasse. A défaut d'avoir de vrais transats, j'ai récupéré un vieux matelas dans la cave de mon home-sweet-home que j'habille d'une serviette de plage pour m'y allonger et larver. J'apprends beaucoup sur la vie des reptiles, ainsi que sur la resistance de mon épiderme au soleil.
Au-delà du mode "sol y playa", je continue la découverte de la ville et de ses habitants. Pour ce faire, j'ai contacté des gens via le formidable-mais-malheureusement-presque-obsolète réseau MySpace. J'y ai rencontré Maximiliano (Maxi, quoi) et Laura. Tous deux dans la grande famille argentine de la publicité (14 000 emplois rien qu'à Buenos Aires). Mes nouveaux amigos me font découvrir les attraits nocturnes de la capitale: théâtre, endroits insolites et bien évidemment bars et boliches (boîtes de nuit). Mais c'est aussi avec beaucoup de plaisirs que nous nous retrouvons dans la maison de Laura, une bâtisse typique des quartiers populaires. Ces maisons là ne sont composées que d'un seul étage et les différentes pièces de l'habitation sont organisées autour d'un patio. La faible précipitation sous ces latitudes permet d'avoir un toit plat et de s'en servir comme terrasse. Plutôt sympa. Malheureusement ces habitations datent, sont souvent exiguës et plutôt que d'être agrandies et rénovées, les Argentins préfèrent les détruire et les remplacer par des "combos" anonymes et souvent incohérents à leur environnement. Donc, ici aussi je "take the apero" et l'on parle des heures de musique, de littérature, de conneries aussi, le tout à moitié en anglais, à moitié en espagnol.
Je dois avouer que j'ai beaucoup de chance d'avoir rencontré ces deux boludos (expression typique de BA, signifiant "con/ne" mais utilisée ici au même titre que "buddy"). La buena onda qu'ils m'offrent est un cadeau de bienvenue exceptionnel. Samedi dernier c'était la tournée des grand ducs. Laura passe me prendre pour aller dîner dans un restaurant "arty" dans le quartier de Palermo Hollywood. Brushettas exquises et canicule oblige, des litres et des litres de Gin Tonic, vendus par cruche, au modique precio de 14 pesos (3,5€). Enchainement! Demolition party dans une ex hype galerie d'art de Palermo. Du vin et des bières, des joints et des gens. En attendant la suite. Un taxi, un bar bondé, du bon son et encore plein de gens. Mon espagnol semble limpide et j'ai alors une confiance exacerbée dans mes débats avec ces inconnus. Je quitte le bar à 9h, il fait déjà 24°C. Après un lazy sunday, je me suis organisé une semaine bien remplie. Je me suis inscrit cet après-midi à une école de langues dans le centre et je vais avoir 4 heures de cours par jour pendant toute la semaine. Intensif donc, mais probablement indispensable car je suis en guerre avec le subjonctif imparfait espagnol. Après cette semaine de come back à l'école, je me lancerai dans une incursion du pays, bien au-delà du périphérique. Au programme: Salta, Cachi, Cafayate, Mendoza, Santiago du Chili, Valparaiso, Bariloche, El Calafate et la Terre de Feu.
Rêvez, rêvez donc !
Con los besos,
!! Des photos sur mon FB !!

jeudi 13 novembre 2008

Fill in the blanks

Prendre le pouls. Ressentir et vibrer. Je continue ma découverte de la ville, de ses rues et de ses quartiers. C'est immense et violent. Je m'y perds. C'est agressif mais attachant, tout ce bruit, cette pollution et cette poussière. Ici, je me sens à Paris, à Madrid, à New York. Ce n'est plus l'Europe et pas encore l'Amérique. Peut être seulement le meilleur de tout; aussi un bel exemple de chaos. L'architecture et l'urbanisme conjuguent merveilles et ratés. La population, forte des nombreux mouvements migrants ne ressemble à aucune autre. Tous les continents se sont tôt ou tard amarrés à ce port. L'écoute d'un Coréen parlant un espagnol impeccable est assez surprenant. Les glaces et les pizzas y sont peut être même meilleures qu'à Rome. Les vins absolument divins. J'use les trottoirs sous un soleil assommant. Mes échappées solitaires m'épuisent. Je pense à Paris, au ciel lourd au début de novembre. Je pense aux frissons dans mon manteau, à un chocolat chaud dans un café feutré du Marais. La mélancolie est légitime.


Je suis en guerre avec ma solitude depuis que j'ai traversé l'Atlantique. Je suis ici, loin, disparu, fuite. Il ne s'agit pas d'un exil, pas non plus d'une évasion, quoiqu'un changement nécessaire, un besoin d'ailleurs. Terré dans ma chambre d'hôtel, les volets fermés, je suis allongé, mes mains croisées dans mes cheveux. Les mouvements du ventilateur semblent être les seuls signes de vie dans cet espace. Je me laisse aller et je m'évade dans le rythme et le bruit des pales. Clic, clic, clic. Le mal du pays un peu. La détresse amoureuse beaucoup. Ce départ m'a mis face à moi même. S'il était indispensable, il n'en est pas moins difficile. N'en ayez pas peur, j'ai besoin de ces angoisses et de ce spleen pour grandir et me remplir à nouveau. Me remplir de savoirs, d'idées, de genres et de styles pour que je puisse me sentir à nouveau riche de sens.