mardi 30 décembre 2008

NDLR

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La rédaction

dimanche 23 novembre 2008

Obras de integración. Disculpen las molestas.

Quand l'épicier en bas de chez vous vous reconnait et ne vous demande même plus ce que vous êtes venu chercher, ça pourrait signifier un début d'intégration. J'ai quitté ma chambre de la Recoleta il y a près de 15 jours maintenant. La recherche d'appartement fut finalement très facile, car il y a beaucoup d'offres pour les oiseaux de passage (merci cher Craig). Quelques clics et quelques appels auront suffit à trouver à me loger convenablement.Je suis désormais installé dans une maison cossue de Palermo Viejo, espace de vie que je partage avec Francisco (22 ans, Argentin), Max (24 ans, Allemand) et Jenny (22 ans, Australienne). J'y occupe une petite chambre sous les toits. Concernant la déco de cette nouvelle garçonnière, disons qu'on est loin du catalogue Habitat ou des vitrines Roche Bobois. Un simple matelas à même le sol, un bureau qui doit dater de l'ère Peron et une hypothétique armoire murale. Les murs défraichies et la moquette bleue azur ont du voir et subir, beaucoup trop. La description donnerait presque un aspect romantique à l'ensemble, se rapprochant d'une chambre de bonne occupée par un poète maudit se saoulant à l'absinthe, trouvant chaleur, réconfort et inspiration auprès de son unique lampe à pétrole. Au-delà de mon antre, je peux jouir d'une très grande terrasse, lieu idéal pour parfaire mon bronzage hivernal. Je me laisse aller, avec lenteur et délectation, aux plaisirs de l'oisiveté. Ne rien faire, ne rien prévoir. Point de réveil, de métro à prendre ou de "dej". Nada, le néant, RIEN. Je me lève généralement autour de midi, enfile un short, descends dans la cuisine et me prépare un festin matinal. Je saisis une large assiette sur laquelle je dépose des mini-sandwichs faits d'un pain brioché (héritage de l'immigration allemande), de beurre, de jambon et de fromage. Le tout est bien entendu accompagné de ma pinte de thé noir. Il se peut que je mange une pomme et un yaourt aussi, ça dépend. Une fois mon plateau prêt, je grimpe les escaliers à la recherche de la meilleure place au soleil que m'offrira mon demi are de terrasse. A défaut d'avoir de vrais transats, j'ai récupéré un vieux matelas dans la cave de mon home-sweet-home que j'habille d'une serviette de plage pour m'y allonger et larver. J'apprends beaucoup sur la vie des reptiles, ainsi que sur la resistance de mon épiderme au soleil.
Au-delà du mode "sol y playa", je continue la découverte de la ville et de ses habitants. Pour ce faire, j'ai contacté des gens via le formidable-mais-malheureusement-presque-obsolète réseau MySpace. J'y ai rencontré Maximiliano (Maxi, quoi) et Laura. Tous deux dans la grande famille argentine de la publicité (14 000 emplois rien qu'à Buenos Aires). Mes nouveaux amigos me font découvrir les attraits nocturnes de la capitale: théâtre, endroits insolites et bien évidemment bars et boliches (boîtes de nuit). Mais c'est aussi avec beaucoup de plaisirs que nous nous retrouvons dans la maison de Laura, une bâtisse typique des quartiers populaires. Ces maisons là ne sont composées que d'un seul étage et les différentes pièces de l'habitation sont organisées autour d'un patio. La faible précipitation sous ces latitudes permet d'avoir un toit plat et de s'en servir comme terrasse. Plutôt sympa. Malheureusement ces habitations datent, sont souvent exiguës et plutôt que d'être agrandies et rénovées, les Argentins préfèrent les détruire et les remplacer par des "combos" anonymes et souvent incohérents à leur environnement. Donc, ici aussi je "take the apero" et l'on parle des heures de musique, de littérature, de conneries aussi, le tout à moitié en anglais, à moitié en espagnol.
Je dois avouer que j'ai beaucoup de chance d'avoir rencontré ces deux boludos (expression typique de BA, signifiant "con/ne" mais utilisée ici au même titre que "buddy"). La buena onda qu'ils m'offrent est un cadeau de bienvenue exceptionnel. Samedi dernier c'était la tournée des grand ducs. Laura passe me prendre pour aller dîner dans un restaurant "arty" dans le quartier de Palermo Hollywood. Brushettas exquises et canicule oblige, des litres et des litres de Gin Tonic, vendus par cruche, au modique precio de 14 pesos (3,5€). Enchainement! Demolition party dans une ex hype galerie d'art de Palermo. Du vin et des bières, des joints et des gens. En attendant la suite. Un taxi, un bar bondé, du bon son et encore plein de gens. Mon espagnol semble limpide et j'ai alors une confiance exacerbée dans mes débats avec ces inconnus. Je quitte le bar à 9h, il fait déjà 24°C. Après un lazy sunday, je me suis organisé une semaine bien remplie. Je me suis inscrit cet après-midi à une école de langues dans le centre et je vais avoir 4 heures de cours par jour pendant toute la semaine. Intensif donc, mais probablement indispensable car je suis en guerre avec le subjonctif imparfait espagnol. Après cette semaine de come back à l'école, je me lancerai dans une incursion du pays, bien au-delà du périphérique. Au programme: Salta, Cachi, Cafayate, Mendoza, Santiago du Chili, Valparaiso, Bariloche, El Calafate et la Terre de Feu.
Rêvez, rêvez donc !
Con los besos,
!! Des photos sur mon FB !!

jeudi 13 novembre 2008

Fill in the blanks

Prendre le pouls. Ressentir et vibrer. Je continue ma découverte de la ville, de ses rues et de ses quartiers. C'est immense et violent. Je m'y perds. C'est agressif mais attachant, tout ce bruit, cette pollution et cette poussière. Ici, je me sens à Paris, à Madrid, à New York. Ce n'est plus l'Europe et pas encore l'Amérique. Peut être seulement le meilleur de tout; aussi un bel exemple de chaos. L'architecture et l'urbanisme conjuguent merveilles et ratés. La population, forte des nombreux mouvements migrants ne ressemble à aucune autre. Tous les continents se sont tôt ou tard amarrés à ce port. L'écoute d'un Coréen parlant un espagnol impeccable est assez surprenant. Les glaces et les pizzas y sont peut être même meilleures qu'à Rome. Les vins absolument divins. J'use les trottoirs sous un soleil assommant. Mes échappées solitaires m'épuisent. Je pense à Paris, au ciel lourd au début de novembre. Je pense aux frissons dans mon manteau, à un chocolat chaud dans un café feutré du Marais. La mélancolie est légitime.


Je suis en guerre avec ma solitude depuis que j'ai traversé l'Atlantique. Je suis ici, loin, disparu, fuite. Il ne s'agit pas d'un exil, pas non plus d'une évasion, quoiqu'un changement nécessaire, un besoin d'ailleurs. Terré dans ma chambre d'hôtel, les volets fermés, je suis allongé, mes mains croisées dans mes cheveux. Les mouvements du ventilateur semblent être les seuls signes de vie dans cet espace. Je me laisse aller et je m'évade dans le rythme et le bruit des pales. Clic, clic, clic. Le mal du pays un peu. La détresse amoureuse beaucoup. Ce départ m'a mis face à moi même. S'il était indispensable, il n'en est pas moins difficile. N'en ayez pas peur, j'ai besoin de ces angoisses et de ce spleen pour grandir et me remplir à nouveau. Me remplir de savoirs, d'idées, de genres et de styles pour que je puisse me sentir à nouveau riche de sens.




mercredi 12 novembre 2008

La Mamaracha

L'espagnol qui est parlé ici est bien entendu du Castillan, mais sa version argentine est considérée comme la plus riche, car elle est composée, améliorée et actualisée de nombreux mots qui prennent tout leur sens dans la vie quotidienne. Dans ce vocabulaire, on trouve le mot mamaracha, qui définit une personne (homme ou femme) absurde, un peu idiote mais drôle et terriblement attachante. Je reconnais certains d'entre vous dans cette description.
Dans le quartier de Palermo Viejo, un café porte ce nom là et c'est un endroit délicieux, avec une terrasse offrant une vue sur les rues environnantes, une décoration brute de béton et de céramiques et une carte à vous emoustiller les papilles.


Jolie terrasse sur l'angle de Costa Rica et Armenia.

L'intérieur du café

Victimes de la Mode



L'Argentine est un pays latin, qui plus est un pays où de nombreux habitants sont d'origine italienne. Le look, l'allure et l'image y sont muy importante, donc ça frime et ça se la pète pas mal...
Une expression brésilienne (les Brésiliens n'aiment pas beaucoup leurs voisins Argentins) illustre très bien ce trait: Comment se suicide un Argentin? En sautant du haut de son égo. Le ton est donné.
Dans les grandes avenues du Centro, on retrouve les magasins de type department stores aux produits plutôt classiques. Dans les beaux quartiers, les grandes maisons s'offrent d'anciens hôtels particuliers et rivalisent de soin pour leur clientèle fortunée.


Sur l'Avenida de Santa Fe, j'ai trouvé le temple du Vintage: la Galeria 5a Avenida. Ce centre commercial à l'architecture fin 70's rassemble une bonne cinquantaine d'échoppes toutes de la même surface. On y trouve de tout! Des créations les plus étranges aux produits en série Adidas des années 80, des bijoux, des robes de tango d'un autre âge. Un côté Camden plutôt charmant.

Une des boutiques Vintage de la 5a Avenida

A Palermo, c'est un régal de se perdre dans les rues arborées et de découvrir les vitrines et les façades de toutes ces boutiques qui présentent les meilleures pièces des designers argentins du moment. Fringues, chaussures, accessoires, mais aussi décoration, livres et arts en tout genre. Le tout présenté dans des concepts stores hallucinants, et avec la bande son qui va avec. Il y a deux magasins pour Hommes qui, j'en suis sûr deviendront mes officials dealers: Bolivia et Felix. Coupes parfaites, matières originales et de qualité. De quoi devenir un porteno de tendencia...
Voici quelques photos des boutiques de Palermo:


Logo et enseigne du shop "Trippin" : shoes & accessoires



Entrée de la boutique KEY BISCAYNE



Oui, oui, c'est bien le printemps par ici !



RETHINK: Repaire de la jeunesse dorée...et fluo


Vitrine sur Honduras

Fumar puede matar

A 5 pesos le paquet de 20 blondes, soit à peine plus d'1€, ce n'est définitivement pas ici que je vais arrêter de fumer... On trouve des cigarettes partout et à n'importe quelle heure dans des "Kioscos", l'équivalent de notre épicerie de quartier. J'avais déjà été étonné en arrivant à l'aéroport que celui soit ENTIÈREMENT non fumeur! Et bien figurez-vous qu'ici aussi, les bars et les restaurants sont réticents aux volutes de fumée. Restent quelques établissements qui proposent des espaces fumeurs, mais cela est rare. La loi est pourtant similaire à celle qui a été mise en place en Espagne. Il faut donc choisir ses endroits et privilégier ceux qui ont une terrasse! J'ai vu beaucoup de personnes âgées, de vieilles dames au brushing impeccable savourant leurs Vogues sur des terrasses de salon de thé, laissant au passage quelques traces de leurs sublimes rouge à lèvres orangé. La femme vieillit bien mal...
Et moi, je fume et je fume. Je bois des litres de sodas, de bières et de café, sur des terrasses improvisées sur un coin de trottoir ou sur le toit d'un immeuble et je savoure, lentement, la douceur de vivre qui règne par ici. Y viva le parasol chauffant!

xo xo

Burger King & Gossip Girl... j'en connais qui vont être jaloux

samedi 8 novembre 2008

ORY/BCN/MAD/EZE

Bienvenido en Argentina,
16h de vol, de doutes, d'excitation, de spleen et d'impatience. Il est presque 22h00 (heure locale) lorsque je foule le sol argentin. Je respire à plein poumons. J'y suis. Après avoir passé les douanes, je récupère mes bagages dans un brouhaha impressionnant, ça crie dans tous les sens, en anglais, en espagnol, en portugais. Un officier de police me tend un papier intitulé "Cuidado" pour m'informer de l'indélicatesse de certains chauffeurs de taxi qui, au lieu de vous emmener à destination, vous trimbalent dans les bas quartiers pour vous dépouiller. J'en prends bien note et me dirige vers ce que l'on me présente comme les taxis officiels. Après une bonne demi-heure de patience, je m'installe dans un taxi, direction Recoleta, le quartier de BA où se situe mon hôtel. La route depuis l'aéroport, en pleine nuit, ne donne pas forcément le sentiment d'avoir traversé l'Atlantique. Les zones industrielles y sont nombreuses et accueillent toutes les grandes enseignes internationales. L'autoroute est très fréquentée et je suis étonné de la pléthore de péages qu'il faut passer pour accéder au centre de la capitale. "Centro" indique le panneau vert. Le taxi file à toute vitesse dans des grandes avenues où malgré l'heure tardive, règne une euphorie festive, vendredi soir oblige. Au numéro 921 de la calle (prononcez "caché") Ayucacho se dresse le Milonga Hotel, vendu sur Internet comme "Un hôtel de charme dans le quartier huppé de BA".
L'accueil y est excellent. On me conduit à la chambre "Gardel" (célèbre chanteur de tango) situé au premier étage du bâtiment donnant sur le patio. Je découvre que la pension proposait aussi une chambre "Maradona" et une autre "Evita". Petite déception. Je prends mes quartiers dans la habitacion Gardel, et las de ce long voyage, je me glisse sous des draps à la blancheur improbable. Pensif, je m'endors. Première nuit solitaire.
8h00 et déjà debout. J'ai envie de sentir la ville, tout de suite. La plupart des commerces sont encore fermés. Je m'installe à la terrasse d'un café et je me régale de Latte et de tartines de dulce de leche pour une poignée de pesos. Le ciel est couvert ce matin et quelques gouttes de pluie s'offrent même une parade sur l'Avenida de Santa Fe. Cette artère large et bruyante rassemble beaucoup de boutiques et de librairies, notamment une magnifique qui occupe un ancien théâtre. Sur le trottoir d'en face, un ZARA, ouf, je suis sauvé. Je déambule dans les rues perpendiculaires. L'organisation de l'espace n'est pas sans rappeler les métropoles américaines, tout y est symétrique et rationnel. Cocasse, les panneaux indicatifs des rues sont sponsorisés par Nokia. Je trouve un boui-boui aux couleurs flashy, je me croirais presque rue du Faubourg du Temple. J'y trouve une paire de Havaianas à 5€ (oui oui Claire, j'y penserai). Je rentre à l'hôtel et je me pose dans ce charmant patio. Je branche mon laptop et m'installe sur une table criarde. Les hôtes vont et viennent, jeunes et étrangers pour la plupart. L'atmosphère est conviviale et sincère. Une employée de l'hôtel s'adresse à moi pour me demander si je veux un café. Je lui répond par l'affirmative, avec mes résidus d'espagnol et surtout un langage non-verbal développé. Elle semble avoir compris que "Si, Si me gusteria un café con leche". Quelques instants plus tard elle revient et se targue d'un "bonito chico". Je crois qu'elle m'a trouvé joli, disons "Guapo". Je me sens bien là, détendu et bien déterminé à vous donner mes premières impressions. Promis, j'essaierai d'être assidu!
Besitos