samedi 24 janvier 2009

Santa Claus is coming to town

Décembre. Il neige à Strasbourg, des vols sont annulés à Roissy. La voix de Sinatra hurle dans les hauts parleurs des centres commerciaux climatisés et les portenos font leur shopping de Noël en tongues. Il fait 43° ici. Décalage. Je découvre alors les joies des "Cortes de Luz" ou coupures de courant. Le réseau électrique est tellement vétuste que lors de températures estivales élevées (record de chaleur de 1923 battu en 2008), les autorités décident de couper l'électricité pendant quelques heures, dans un quartier puis dans un autre. Plusieurs raisons à cela. Bien entendu en ces fortes chaleurs, les habitants font tourner à plein régime leurs climatiseurs et les réfrigérateurs (achetés à crédit), ce qui dope la demande en énergie. Mais le problème est plus sournois. Après la crise de 2001, de nombreuses populations des provinces rurales ont rejoint la capitale dans l'espoir de pouvoir y trouver un peu plus de richesse. La croissance démographique de la métropole est estimée à 12% entre 2002 et 2007. Plus de monde, plus de besoins, mais avec un réseau qui date des années 60 et des plans d'investissements publics qui disparaissent dans la Pampa (vous avez dit corruption?) les habitants se retrouvent un peu trop souvent dans le noir les soirs d'été. Les coupures sont annoncées par les pompiers de la ville qui patrouillent dans les quartiers et, au moyen d'un hygiaphone, annonce le noir imminent. Cette méthode, que j'ai envie de qualifier de circacienne, provoque la colère des habitants qui ont même créés des groupes sur FB. Expérience. Un dimanche de lendemain de très grosse fête, iPod vissé sur la tête, je remonte ma rue vers les avenues principales. Il n'est pas loin de 22h et la température taquine encore le 40°. Si mon pas est incertain, l'éclairage urbain l'est aussi. D'un block à un autre, on passe de l'effervescence à la mort. Des immeubles entiers pris dans l'ombre, des habitants sur les trottoirs qui jasent entre voisins, pour tuer le temps. En face, un block sans électricité avec comme seule lueur, l'unique ampoule que l'épicier a branché sur un groupe électrogène. J'ai l'impression de vivre un cessez le feu, un sursis. Voilà, c’est pour ce genre d’instant que je ne regrette rien.

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